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“Les Misérables” interview/ rencontre Abdelkader Hoggui & Almamy Kanouté

VERSION ORIGINALE EN FRANÇAIS EN BAS

Les Misérables by Ladj Ly premiered at the 72nd Festival de Cannes in May 2019 wowing the audience who leapt to their feet for a 20 minute standing, and cheering, ovation. The film shows a less glamorous side of the City of Light- life in an outer suburb where conflict escalates between the locals, the police and even the children. Instead of being proposed a solution, we’re thrown into an immersive 24 hours-in-the-life story where there are no real villains but many victims. The humour and humanity of the film however allows a harsh subject to be not only digestible but intriguing and tangible. A few hours before it took out the prestigious Jury Prize, we met with two of the actors, Abdelkader Hoggui and Almamy Kanouté (on the beach- where else?) to talk about the themes and importance of this work. The film has since been a success at festivals around the world and is set to represent France for the 2020 Oscars. It opens in Paris today.

Ruby: (Abdel)kader, tell us a little about the film. 

Abdelkader Hoggui: The film follows 24 hours in the life of a policeman from the Anti Criminal Squad (BAC) who has recently been transferred to the Paris suburbs. Tensions rise! It is a film that presents all sorts of characters and needs to be seen. Above all, Ladj Ly’s direction is a success…. Seriously, it’s been a long time since I’ve seen a French film that’s so good and so real- it’s what many of the youth live today. We grew up in this millieur then moved on to do various things but here you see the the harsh reality – even for the police it’s hard. It’s a difficult film but it resembles reality.

RB: What I liked and appreciated was the fact that there are no villains as such. There’s the police, the children, the Imam… but no ‘baddie’.

AH: Yes there’s all that- the Imam, the Police, associations and the Muslim Brotherhood who try to help… The 24 hours here with the Anti Criminal Squad reveals that everyone is in the deep end. The government has left these districts to abandon. Even the police are in trouble without proper back up.

RB: There is a lot of humanity in despite the characters finding themselves in turmoil. They’re not malicious. Why is this film important?

Almamy Kanouté: The film is important as it immerses us in the life of a popular neighbourhood and in immersion with the police. It shows an alarming situation that is part of the reality of our society. This includes a policeman who uses a form of repression, another who discovers the methods of his colleague… there are different elements from the highs and lows of life in the neighbourhood.

When a film brings us such truth through fiction, we can only admire the work of the director Ladj Ly. 

I wasn’t initially keen when he first offered me the role of a Muslim Brother as they are often badly reputed these days. But in fact here they have the same role as the priests that would visit when we were teenagers to give lessons and good intentions to people- that’s to say they look for solutions for delinquency and its traps. 

RB: What was the line about the lion, so potent and humorous in the delivery?

AK: It’s a proverb from the Koran about the lion, and the wise animal that it represents. In one of my lines I say that the lion asked God not to let him cross the path of someone who does good….  because the lion gets his nourishment from flesh and he could easily nourish himself from us. 

My character (Salah) is the central axe of the film. I’m the one that everyone comes to see to try to find solutions and avoid problems.

RB: Yes he’s like the wise man…

Yes, his opinion influences. I (my character) was once a bandit but tried to change and turn the page- dedicating my life to religion and a little fast food/kebab shop. I put the different protagonists in their place. 

RB: It’s a bit like the central house where everyone feels safe.

Abdelkader Hoggui: It’s a kebab shop where everyone ’s paths cross. The fast food joint has become like the neighbourhood house we had when young. The real problem in district is the neglect of the youth who need air and movement. They’re always facing the same walls, areas, buildings, hall… when we were young the neighbourhood house would take us on holidays, involve us in projects… Today that’s forgotten. They need air- if they don’t see other horizons, it’s normal that things become as they are. This film will help change these things- including to open this demographic to cinema who wouldn’t normally have access to the 7th art. It will help the youth in these ‘difficult’ areas to be inspired and dream a little. That’s the aim.

RB: It talks about the importance of education…

AH: Yes. We’re told that we’re the children of France- now we need to be taken under France’s responsibility and not to be just tolerated which makes us feel like having our butts between two chairs. We are the 2nd and 3rd generation of immigrants nonetheless!

‘Les Misérables’ de Ladji Ly primé au 72 ème festival de Cannes (mai 2019) a ému le public qui s’est levé à l’unisson pour une standing ovation réconfortante. Le film montre le côté pas très glamour du quotidien d’une cité de banlieue éloignée. Les conflits y sont quotidiens et s’aggravent entre les jeunes-enfants compris- et la police. Le film, à défaut de proposer des solutions, nous immerge dans une journée entière de la vie d’une cité. Où il n’y a pas que des bons et des méchants mais surtout beaucoup de victimes. L’humour et l’humanité qui se dégagent de l’œuvre ont permis de faire d’un rude sujet un film non seulement digeste mais surtout fascinant du fait de son appréhension du réel.

Quelques petites heures avant la remise du prix à Ladji ly, nous avons rencontré les 2 acteurs Abdelkader Hoggui et Almamy Kanouté pour deviser sur le propos du film et les questions qu’il soulève. ‘Les Misérables’ iront aux Oscars 2020 après avoir glané succès après succès dans une kyrielle de festivals...

Ruby: Donc Kader, c’est quoi l’histoire de ce film?

Abdelkader Hoggui: C’est la journée d’un policier de la BAC, qui vient de se faire transférer de province  vers le 93 …  C’est 24 heures  de sa journée… Après, il y a une escalade, il faut voir le film, avec plein des personnages!. Surtout que la realisation de Ladj Ly est très réussie. C’est un film très touchant qui ne prend aucun parti ni avec la police ni avec la jeunesse ni avec tel ou tel… Franchement, ça fait si longtemps que je n’ai pas vu un film français aussi beau, aussi vrai – c’est ce qui vivent la plupart des jeunes aujourd’hui. Nous on a grandi, on a fait ce qu’on avait a faire… mais voila, c’est vraiment le truc qu’on vit tous les jours- meme les policiers ils vivent ça – c’est dur. C’est un film dur, mais vrai. 

Abdelkader Hoggui: C’est la journée d’un policier de la BAC, qui vient de se faire transférer de province  vers le 93 …  C’est 24 heures  de sa journée… Après, il y a une escalade, il faut voir le film, avec plein des personnages!. Surtout que la realisation de Ladj Ly est très réussie…

Franchement, ça fait si longtemps que je n’ai pas vu un film français aussi beau, aussi vrai – c’est ce qui vivent la plupart des jeunes aujourd’hui.

Nous on a grandi, on a fait ce qu’on avait a faire… mais voila, c’est vraiment le truc qu’on vit tous les jours- meme les policiers ils vivent ça – c’est dur. C’est un film dur, mais vrai. 

Ce que j’ai  apprécié  de surcroît ,il n’y avait pas de méchants. On a les flics,  les gamins de la cité, l’Imam…  mais point de vilaines personnes! 

AH: Oui dans le cité il y a tout ça: il y a l’imam, la police, la police municipale, il y ‘a des frères  qui essaient de faire le rappel, les petits qui se mélangent avec les grands- il y a tout ce système bien représenté et bien vrai. Il y’ a meme les associations… Le film, c’est une journée de la cité avec la BAC. Ca explique que tout le monde est dans la mouise en vérité, tellement l’’Etat a laissé ce quartier à l’abandon. Même les policiers sont dans la m… parce qu’ils ne sont pas soutenus…

On y trouve beaucoup d’humanité, quand bien meme les gens se retrouvent empêtrés dans la nasse,  la méchanceté n’a pas cours… Pourquoi est-ce que ce film est important?

Almamy Kanoute: Ce film est important parce qu’il nous amène en quelque sorte en immersion dans la vie d’un quartier populaire – en immersion avec la police aussi. Surtout, ça nous trace un tableau d’une situation qui ne  fait qu’empirer, une situation alarmante qui décrit en quelque sorte une partie de notre société en réalité. Entre autres un fonctionnaire de police à qui on demande d’appliquer une certaine forme de repression, là on a un des  officiers qui vient d’un autre service et qui découvre les méthodes de ses collègues… Vous avez différents elements qui font que dans une vie de quartier ils y a des hauts et les bas.

Quand un film nous apporte une telle  justesse, à travers une fiction qui représente le vécu, bah on ne  peux que saluer l’oeuvre de Ladj Ly.

Au tout debut, quand il m’a proposé le rôle, je n’étais pas trop chaud parce-ce qu’il voulait que je joue le rôle d’un frère musulman. Généralement, les frères musulmans sont très mal vus de nos jours mais je tiens à rappeler que les frères ‘mus’ comme les prêtres à l’époque quand on était ados- on avait des prêtres  qui venaient prêcher la bonne parole  dans le quartier- ils ont  un peu le meme rôle- c’est à dire qu’ils cherchent à trouver des solutions face à  l’errance, à l’illicite, aux pièges.

Quid de la la phrase sur le lion , tellement puissante et drôle?

AK: C’est un proverbe qu’on trouve dans le Coran qui parle du lion, de l’animal sage qu’il représente. Dans une des mes répliques, le lion demande à Dieu de ne pas le laisser croiser le chemin d’une personne que fait le bien – parce que le lion, bah!  se nourrit de la chair – donc il peut très bien se nourrir de la chair à nous. Et dans ce dicton là, il dit: ‘j’espère de ne pas croiser le chemin d’une personne qui fait du bien autour d’elle’. Dans tout ça, mon personnage – je suis l’axe central tout au long du film . Je suis celui que tout le monde va venir voir, pour essayer de trouver des solutions, et éviter les problèmes.

Oui c’est un peu ‘le sage’. 

AK: Oui celui qui a de l’influence. J’étais un ancien voyou – j’ai essayé de changer, de tourner la page et me consacrer à la religion, à ma boutique- mon petit fast food -et remettre à leur place les différents protagonistes.  

C’est un peu la maison centrale où tout le monde se sent en sécurité.

C’est un kebab dans une cité où tout le monde se croise.

La sandwicherie est devenue la maison de quartier que nous avions  quand nous étions jeunes. Le vrai problème dans  la cité ,c’est d’oublier que les jeunes  ont besoin de s’aérer l’esprit – c’est ça la vrai problème !.Parce ce qu’ils sont toujours confrontés aux mêmes murs, au même endroit, au même bâtiment, au meme hall….ils n’ont plus l’air que nous avions  quand on était jeune; ca veut dire que nous quand on était jeunes, la maison de quartier nous  amenait en vacances, nous faisait faire  des projets…

Le hic, c’est cette errance là aujourd’hui l’oubli de ces jeunes … il faut qu’ils prennent l’air obligatoirement aussi-, sinon ils ne voient que cet horizon donc c’est normal que ça aboutisse à ça.

Ca film là va aider à changer les choses- entre autres en ouvrant ce monde du cinéma  à des personnes qui , entre guillemettes, n’ont pas “le pouvoir” d’accéder au 7eme art – ca va faire rêver beaucoup de petits des quartiers soit disant ‘difficiles’ et c’est ça le but. 

ça parle de l’importance de l’éducation… 

Abdelkader Hoggui:  Oui voila.Ils disent que nous sommes les enfants de la France, il faut maintenant prendre ses responsabilités,,pas nous accepter  comme ça et nous faire sentir qu’on a le c.. entre deux chaises. Nous somme la deuxième et troisième generation d’immigrés quand même!

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